FOLK SONGS
14 juin 2014
CRÉATION CASA DE VELÁZQUEZ
14 avril 2016

Concert littéraire

La poésie de Shelley est pleine de regrets ; elle évoque – comme chez beaucoup d'autres auteurs – le temps qui passe, les hivers qui succèdent aux étés et l'impossibilité de figer l'instant. Mais à y regarder de près je la trouve d'une urgence et d'une sauvagerie inédites, d'une puissance suggestive toute particulière qui stimule nos sens et vrille nos coeurs d'un même flux. Au fond, comme le fait entendre « mutability » qui clôt le cycle, c'est la mouvance même du monde, sa capacité à se transformer qui fascine le poète et non la nostalgie d'un moment ou d'une époque. Pour musicaliser les pensées intérieures de Shelley, leurs entrelacs, contradictions, frictions et frénésies, j'ai choisi trois voix de femme(s) : une actrice au timbre grave de tragédienne, une chanteuse de Jazz-rock anglosaxon piquante et mélancolique, une soprano lyrique habituée aux hérissements des partitions contemporaines. Côté jardin, elles seront en compagnie d'un percussionniste-batteur qui passera du vibraphone aux peaux et aux cymbales, tout à la fois accompagnateur polyphonique et rythmicien incantatoire. Côté cour leur espace sera délimité par un performer son, inventeur d'espaces escarpés que n'aurait pas désavoués Shelley dans sa soif d'aventures et de lendemains magiques.

Pourquoi ? Il y a deux ou trois saisons que je sillonne « the World’s wanderers » en y posant, çà et là, de petites pierres musicales destinées à éclairer mon chemin. Percy Bysshe Shelley – à la même époque que Franz Schubert de l’autre côté du Rhin – a vécu dans l’errance, en bohémien hédoniste de l’âme et du coeur. Positionné hors de la société, condamné pour ses rêves, ses idéaux, ses pensées politiques, il a absorbé le tourbillon de son temps. Poète parmi les plus lumineux, rebelle, énergique, voyageur mais prompt au spleen avant la lettre, il incarne la version anglaise et littéraire de la génération musicale romantique des origines ; celle qui, de Vienne à Salzbourg, pouvait écrire d’un seul jet des lieder déchirants, des quatuors à cordes jugés dissonants et des opéras presque jamais joués. On pourrait parler, par un anachronisme savoureux, d’une Roc k-génération de prodiges, dévorant la vie par les deux bouts, conjuguant présence au monde et intériorité, pratiquant leur art du matin au soir sans faire de vieux os (Schubert est mort à 31 ans, Shelley à 30). Alors pour moi, aujourd’hui, impossible d’écrire de simples mélodies accompagnées par le piano. Ou même de la musique de chambre ornée et mélancolique; car c’est le Vivant qui est au coeur de la poésie de Shelley. Pas le musée ni la doctrine esthétique, encore moins toute forme qui relèverait d’un quelconque académisme.
Comment ? Pour autant il s’agit toujours de paroles et de Voix, que l’on pourrait, avec ou sans jeu de mots, penser comme des Voies intérieures. Un monde poétique en conflit, plusieurs voix qui parlent et plusieurs voies qui s’ouvrent : le jazz-rock et sa légèreté, captation de l’instant ; la voix déclamée, celle du poème et du coryphée ; le timbre de la chanteuse lyrique, comme un clin d’oeil et d’oreille à Schubert, Schumann et les autres. Un dialogisme sonore qui fonctionnerait à la façon d’un monde où ce qui se dit – la voix parlée – fait écho à ce qui s’entend – la musique – et à ce qui se pense – l’indicible – …Comment choisir ensuite les instruments qui accompagneront ces paroles ? J’ai un temps pensé au piano, l’ami dévoué de tous les romantiques. Mais l’empreinte est trop forte, l’harmonie tellurique trop lourde. Un vibraphone sera bien plus pertinent et impertinent, aérien, posé entre deux mondes, accompagnateur polyphonique des mélodies lyriques ou jazz. Et immédiatement, je lui ai ajouté une batterie, des peaux, des cymbales… Car si l’univers d’aujourd’hui est sauvage, celui de Shelley l’était encore davantage.Enfin, et c’est une première pour moi, je souhaitais pouvoir convoquer des paysages sonores, ouvrir des brèches dans l’inconscient pour en saisir l’insaisissable. Avec toujours à l’esprit une notion d’instantanéité qui fait la grâce suspendue de Shelley. Autrement dit, ajouter une dimension Électronique, certes, mais sous une forme vivante. Un Performer. Un performer son qui sache ouvrir son esprit aux divagations de ces jeunes libertaires épris de poésie, d’amour et d’aventures que le 19ème siècle naissant avait su générer. Un chercheur d’espaces abyssaux qui pourra conjuguer ma musique et le son des astres, capté à travers les télescopes de la NASA. Quand on parle de la lune… («To the Moon», n° 4)

 

Raoul Lay, compositeur

Calendrier :

Lundi 1er février à 11h00 au PIC – 16ème arr. (séance scolaire)
Mardi 2 février à 11h00 à l'Affranchi – 11ème arr. (séance scolaire)
Mardi 2 février à 20h00 à la Cité de la Musique - 1er arr.

Distribution :

Percussion et batterie Christian Bini
Comédienne Agnès Audiffren
Voix Lyrique Brigitte Peyré
Voix Jazz Marion Rampal
Platines I électronique Philippe Petit
Ingénieur du son Solange Baron
Direction artistique Raoul Lay

Percy_Bysshe_Shelley_by_Alfred_Clint

Percy Bysshe Shelley, poète

Percy Bysshe Shelley est un poète britannique, né près d’Horsham (Sussex) le 4 août 1792 et mort en mer au large de La Spezia le 8 juillet 1822. Il est sans conteste l'un des plus grands écrivains romantiques britanniques. Si les anthologies reprennent surtout Ozymandias, Ode to the West Wind, To a Skylark, et The Mask of Anarchy, ses oeuvres les plus importantes sont de longs poèmes visionnaires tels que Alastor, or The Spirit of Solitude, Adonaïs, Prometheus Unbound et son poème inachevé The Triumph of Life. Sa vie, hors des conventions sociales, son idéalisme farouche et sa voix passionnée l’ont rendu à la fois célèbre et haï de ses contemporains qui voyaient en lui le diable. Mais les deux ou trois générations suivantes en firent leur idole, que ce soient les principaux poètes victoriens Robert Browning, Alfred Tennyson, Dante Gabriel Rossetti ou Algernon Charles Swinburne, ou plus tard Karl Marx, Henry Salt, William Butler Yeats et George Bernard Shaw. Sa célébrité est aussi associée à celle de ses contemporains John Keats et Lord Byron qui comme lui moururent en pleine jeunesse, ainsi qu’à la femme qu’il épousa en secondes noces, la romancière Mary Shelley, auteur de Frankenstein, dont il préfaça l’édition de 1818.
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Poèmes de Percy B. Shelley

1 THE WORLD’S WANDERERS I Tell me, thou Star, whose wings of light Speed thee in thy fiery flight, In what cavern of the night Will thy pinions close now? II Tell me, Moon, thou pale and gray Pilgrim of Heaven’s homeless way, In what depth of night and day Seekest thou repose now? III Weary Wind, who wanderest Like the world’s rejected guest, Hast thou still some secret nest On the tree or billow? 2 FRAGMENT: THOUGHTS COME AND GO IN SOLITUDE My thoughts arise and fade in solitude, The verse that would invest them melts away Like moonlight in the heaven of spreading day: How beautiful they were, how firm they stood, Flecking the starry sky like woven pearl! 3 LOVE’S PHILOSOPHY I The fountains mingle with the river And the rivers with the Ocean The winds of Heaven mix for ever With a sweet emotion; Nothing in the world is single; All things by a law divine In one spirit meet and mingle. Why not I with thine? – II See the mountains kiss in high Heaven And the waves clasp one another; No sister-flower would be forgiven If it disdained its brother; And the sunlight clasps the earth And the moonbeams kiss the sea: What is all this sweet work worth If thou kiss not me? 4 TO THE MOON I Art thou pale weariness Of climbing heaven and gazing on the earth, Wandering companionless Among the stars that have a different birth, – And ever changing, like a joyless eye That finds no object worth its constancy? II Thou pale sister of the Spirit, That gazes on thee till in thee it pities… 5 SUMMER AND WINTER 1 It was a bright and cheerful afternoon, Toward the end of the sunny month of June, When the north wind congregates in crowds The floating mountains of the silver clouds From the horizon – and the stainless sky Opens beyond them like eternity. All things rejoiced beneath the sun; the weeds, The river, and the corn-fields, and the reeds; The willow leaves that glanced in the light breeze, And the firm foliage of the larger trees. It was a winter such as when birds die In the deep forests; and the fishes lie Stiffened in the transluscent ice, which makes Even the mud and slime of the warm lakes A wrinkled clod as hard as brick; and when, Among their children, comfortable men Gather about great fires, and yet feel cold: Alas, then, for the homeless beggar old! 6 TIME UNFATHOMABLE SEA! Whose waves are years, Ocean of Time, whose waters of deep woe Are brackish with the salt of human tears! Thou shoreless flood, which in thy ebb and flow Clapest the limits of mortality, And sick of prey, yet howling on for more, Vomitest thy wrecks on its inhospitable shore; Treacherous in calm, and terrible in storm, Who shall put forth on thee, Unfathomable Sea! 7 AUTUMN: A DIRGE I The warm sun is failing, the bleak wind is wailing, The bare boughs are sighing, the pale flowers are dying, And the year On the earth her dead-bed, in a shroud of leaves dead, Is lying. Come, Months, come away, From November to May, In your Saddest Array; Follow the bier Of the dead cold Year And like dim shadows watch by her sepulchre. II The chill rain is falling, the nipped worm is crawling, The rivers are swelling, the thunder is knelling For the Year; The blithe swallows are flown, and the lizards each gone To his dwelling; Come, Months, come away, Put on white, black and gray; Let your light sisters play – Ye, follow the bier Of the dead cold Year. And make her grave green with tear on tear. 8 TO – MUSIC, when soft voices die, Vibrates in the memory – Odours, when sweet violets sicken, Live within the sense they quicken Rose leaves, when the rose is dead, Are heaped for the beloved’s bed; And so thy thoughts, when thou art gone, Love itself shall slumber on. 9 A LAMENT I O world! O life! O time! On whose last steps I climb, Trembling at that where I had stood before; When will return the glory of your prime? No more – Oh, never more! II Out of the day and night A joy has taken flight; Fresh spring, and summer, and winter hoar, Move my faint heart with grief, but with delight No more – Oh, never more! 10 THE ISLE There was a little lawny islet By anemone and violet Like mosaic, paven; And its roof was flowers and leaves Which the summer’s breath enweaves, Where nor sun nor showers nor breeze Pierce the pines and tallest trees, Each a gem engraven; – Girt by many an azure wave With which the clouds and mountains pave A lake’s blue chasm. 11 THE WANING MOON And like a dying lady, lean and pale, Who totters forth, wrapped in a gauzy veil, Out of her chamber, led by the insane And feeble wanderings of her fading brain, The moon arose up in the murky East, A white and shapeless mass – 12 MUTABILITY 1 We are as clouds that veil the midnight moon; How restlessy they speed, and gleam, and quiver, Streaking the darkness radiantly! – yet soon Night closes round, and they are lost for ever: 2 Or like forgotten lyres, whose dissonant strings Give various response to each varying blast, To whose frail frame no second motion brings One mood or modulation like the last 3 We rest. – A dream has power to poison sleep; We rise; – One wandering thought pollutes the day We feel, conceive or reason, laugh or weep; Embrace fond woe, or cast our cares away 4 It is the same! – For, be it joy or sorrow, The path of its departure still is free: Man’s yesterday may ne’er be like his morrow;
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traduction de Raoul Lay

1 LES ERRANTS DE L’UNIVERS I Dis-moi, Etoile aux ailes de lumière Te propulsant dans ton vol de feu Dans quelle grotte de la nuit Tu fermeras donc tes ailes ? II Dis-moi, ô Lune, toi pâle et grise Pèlerine du chemin sans logis des Cieux, Dans quelle profondeur de la nuit ou du jour Tu cherches donc ton repos ? III Vent las, qui va errant Comme l’hôte importun de partout rejeté, As-tu encore un nid secret Sur l’arbre ou sur les flots ? 2 FRAGMENT : DES PENSEES VONT ET VIENNENT DANS LA SOLITUDE Mes pensées naissent et se perdent dans la solitude / Le vers qui les vêtirait s’évapore Comme Clair de lune dans le ciel du jour qui s’étend : / Qu’elles étaient belles, et qu’elles se tenaient fermes, Mouchetant le ciel étoilé telle de la perle tissée. 3 PHILOSOPHIE DE L’AMOUR I Les fontaines se mêlent à la rivière Et les rivières à l’océan Les vents du Ciel s’unissent pour jamais Avec une douce émotion Rien dans le monde n’est isolé Toutes choses, par une loi divine Se mêlent l’une à l’autre dans un seul être. Pourquoi pas moi avec le tien ? – II Vois, les montagnes baisent le haut du Ciel Et les vagues s’étreignent l’une l’autre ; Nulle soeur parmi les fleurs ne serait pardonnée / Si elle dédaignait son frère ; Et la lumière du soleil étreint la terre Et les rayons de lune baisent la mer. Que vaut toute cette douce activité Si tu ne me baises pas ? 4 A LA LUNE I Es-tu pale de la solitude D’escalader le ciel et de regarder la terre, Vagabondant sans compagnon Au milieu des étoiles d’une autre naissance, – Et changeant toujours, tel un oeil sans joie/Ne trouvant aucun objet digne de sa constance ? II Toi, soeur choisie de l’Esprit Qui te regarde jusqu’à avoir pitié de toi... 5 L’HIVER ET L’ETE 1 C'était une brillante et joyeuse après-midi, Vers la fin du mois ensoleillé de juin, Quand le vent du Nord rassemble en foules Les montagnes flottantes de nuages d’argent Venant de l’horizon – et que le ciel sans tache S'ouvre au-delà comme l'éternité. Toutes choses se réjouissaient sous le soleil ; les herbes, La rivière, les champs de blé, et les roseaux ; Les feuilles des saules pleureurs qui étincelaient dans la brise légère, Et le solide feuillage des plus grands arbres. C'était un Hiver où les oiseaux meurent Dans les forêts profondes ; où les poissons gisent Raidis dans la glace diaphane qui, Même de la boue envasant les lacs tièdes, Fait un bloc crevassé aussi dur que la brique ; Où, au milieu de leurs enfants, les nantis Auprès de grands feux se rassemblent, et pourtant ont froid: / Temps du malheur, hélas, pour le vieux mendiant sans asile ! 6 LE TEMPS INSONDABLE MER, dont les vagues sont des années ! / Océan du Temps dont les eaux de douleur profonde / Sont saumâtres du sel des larmes humaines! / Toi, courant sans rivage, qui dans ton flux et ton reflux / Enfermes les bornes de la mortalité ! / Toi, malade d’être repue et cependant hurlant encore pour davantage / Vomit tes épaves sur son rivage inhospitalier ! Traîtresse dans le calme, et terrible dans la tempête, / Qui pourra s'élever contre toi, Insondable Mer ? 7 L'AUTOMNE (chant funèbre) I Le chaud soleil décline, le vent glacial se lamente, Les rameaux nus soupirent, les pâles fleurs sont mourantes, Et l'Année, Sur la terre son lit de mort, dans un linceul de feuilles mortes, Est couchée. Passez, Mois, passez De Novembre à Mai, Dans votre triste habit de deuil, Suivez le cercueil De la froide Année morte, / Et telles de pales ombres, veillez près de son sépulcre. II La froide pluie tombe, le ver transi de froid rampe, Les rivières se gonflent, le tonnerre sonne le glas / De l'Année ; Les gaies hirondelles se sont enfuies, et les lézards sont repartis Chacun chez lui ; Passez, Mois, passez, Vêtus de blanc, de noir et de gris ; Laissez jouer vos brillantes soeurs ; Vous, suivez le cercueil De la froide Année morte, / Et faites verdir sa tombe en versant larme sur larme. 8 A – LA MUSIQUE, quand meurent de douces voix Vibre dans la mémoire – / Les parfums, quand de suaves violettes agonisent / Vivent encore dans le sens qu’ils excitent. Les feuilles de rose, quand la rose est morte, Sont recueillies pour le lit de la bien-aimée ; Ainsi sur tes pensées, quand tu seras partie, L’amour lui-même s’assoupira. 9 LAMENTATION I Monde! Vie ! Temps ! Je m'attache à vos derniers pas, / Tremblant là où auparavant je me tenais ferme; Quand reviendra la gloire de votre aurore? Plus ! Oh ! Jamais plus ! II Loin du jour et de la nuit, La joie a pris son vol ; Frais printemps, et Été, et Automne, et Hiver givré, / Font battre mon coeur épuisé de chagrin, mais de plaisir... Plus ! Oh! Jamais plus ! 10 L’'ILE Il y avait une petite île couverte de pelouses, Pavée d'anémones et de violettes, Comme d'une mosaïque; Sa voûte était formée de fleurs et de feuilles, Tissées par le souffle de l'été, Où ni le soleil, ni les averses, ni la brise Ne perçaient les pins et les grands arbres; Chacune d'elles semblable à une gemme gravée ; / Entourée de mille vagues d'azur, Dont les nuages et les montagnes pavent L’abîme bleu d'un lac 11 LA LUNE A SON DECLIN Et telle une femme mourante, maigre et pâle, Qui chancelle, drapée dans un voile de gaze, Au seuil de sa chambre, menée par la folie Et les pauvres divagations d’un cerveau qui s’éteint / La lune se leva dans l’Orient brouillé / Masse blanche et sans forme – 12 MUTABILITÉ 1 Nous sommes semblables aux nuages qui voilent la lune de minuit ; Comme sans repos ils se hâtent, et blanchissent et tremblent, Rayant les ténèbres d'un radieux éclat ! Mais bientôt La nuit se ferme autour d'eux, et ils sont perdus pour toujours ; 2 Ou bien à des lyres oubliées, dont les cordes dissonantes Rendent une réponse diverse à chaque souffle différent qui les frappe, Leur frêle structure ne reçoit d'une nouvelle impulsion Ni un accent ni une modulation semblable à la dernière. 3 Nous reposons. – un rêve a le pouvoir d'empoisonner le sommeil ; Nous nous levons ; – une seule pensée errante corrompt la journée : Nous sentons, concevons ou raisonnons, rions ou pleurons ; Embrassons de folles douleurs, ou rejetons au loin nos soucis ; 4 C'est la même chose ! – Car, que ce soit joie ou chagrin, La route pour s'enfuir leur est toujours ouverte ; La veille pour l'homme ne peut jamais